Monochrome de Reynald Drouhin

Biographie:

Né en 1969, Reynald Drouhin vit et travaille à Paris et enseigne le multimédia à l’EESAB – Rennes. Il a suivi des études d’arts plastiques aux Beaux-Arts de Paris  et à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Artiste du multimédia et du net art, Reynald Drouhin s’immerge dans le réseau informatique et virtuel.  En 2006, pour l’installation présentée et mise en espace à l’école supérieure d’art de Lorient, Reynald Drouhin a conçu cinq nouvelles créations convoquant l’art numérique, la sculpture, la vidéo, la photographie… Véritable hommage au monochrome si caractéristique des avants gardistes du vingtième siècle.

« Au monochrome fixe de la peinture, Reynald Drouhin oppose le monochrome en mouvement de l’écran comme dans son installation Monochrome 120. Programmé pour l’interaction – une sélection + un clic sur un carré permet la sélection en plein écran – Monochrome 120 est un dispositif qui réagit et agit en temps réel. Constituée de 11 carreaux monochromes, l’œuvre possède une dimension temporelle – chaque rectangle ayant une durée déterminée – et sa lecture se fait ainsi sur un mode linéaire, car au bout de la 120ème minute, les 11 carreaux se bouclent en un monochrome noir unique. »

Je vais m’arrêter sur le monochrome « Noir », qui fait partie d’une paire:

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Reynald Drouhin. Monochrome N, 2006, 2 tirages lambda sur diasec avec châssis aluminium, 84.67 x 84,67 cm

Commentaire:

Reynald Drouhin a revisité les monochromes de Malevitch avec un algorithme assemblant des centaines d’images issues de recherches provenant de Google image. La création générative revient à imaginer des systèmes à l’intérieur desquels il y a des règles, et ces règles vont amener des comportements imprévisibles, qui vont surprendre leur créateur.

Des milliers d’images étranges qui feraient pâlir un Salvador Dalí en panne d’inspiration circulent sur les réseaux sociaux. Résultat de récents travaux du géant américain, Google, sur la reconnaissance automatique d’images, qu’on a rapidement qualifié  de «rêves de la machine»… tiré de l’article de Libération, « Les algorithmes sont-ils des artistes comme les autres? » 4 août 2015.

Ce qui marque une réelle rupture avec l’art moderne dans la démarche de Reynald Drouhin, c’est le caractère reproductible à l’infini.

Analyse plastique:

On peut constater des lignes de forces verticales crées par le contraste de bandes noires. Cela donne au monochrome une sensation de mouvement. Rappelant les flux de données en perpétuel mouvement, qu’on retrouve dans beaucoup de film, comme  « Matrix ».

Au premier regard on a face à nous un monochrome noir qui symbolise l’absence et qui rappelle le « Carré noir » de Malevitch. Mais on est vite amené à vouloir se rapprocher de l’œuvre, pour y voir la multitude de détails présents dans ce nombre colossal de photos à thèmes variés. Dans le monochrome N, il y a une uniformité de gris optique quelque soit les photos sélectionnées. Bien que les photos ne sont pas en noir et blanc, des touches de couleurs participent à former une masse grisâtre.

Lorsqu’on parvient à déchiffrer les images de format 8×8 mm qui constituent le monochrome noir,  on aperçoit des photos du style hard, métal rock, lunettes noires, éclipses et têtes de mort, qui viennent s’opposer aux  poupons, nounours, matelas, coussins, bonhommes de neige et cœurs en argent formant le monochrome blanc. Ainsi la capture de la mémoire d’Internet, compactée dans ces petites images communautaires, évoque d’une part l’angélisme du blanc et d’autre part le satanisme du noir.

Poursuite du processus créatif du monochrome algorithmique:

Dans la continuité de son travail,  il a crée un générateur de monochrome à partir de l’adresse IP de l’utilisateur qui vient rompre les codes existants.

explication du concept IPM

création de son monochrome

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